Ce sera un blogue, puisque je ne sais pas faire autrement. Il y a bien un projet, mais pas de plan. Cela viendra en cheminant.

Je pense le mieux quand je parle à quelqu’un. Je vois ce qui se passe chez la personne et j’adapte mon discours en fonction d’elle et de l’instant. Je ne suis pas un cas particulier, des tas de gens pensent de cette manière. C’est l’une des formes de l’intelligence parmi d’autres, chacune ayant son utilité.

On peut donner ici la définition ancienne d’un mot savant un peu flou, la discursivité : « qui ne s’astreint pas à une continuité rigoureuse de pensée, qui s’abandonne au gré de l’inspiration ». Voilà ma force : l’inspiration, et voici ma faiblesse : la capacité à faire un plan.

Quand je me mets à écrire c’est toujours en réaction à une lecture ou a des questions posées. C’est sur une impulsion. Généralement je ne sais pas d’avance ce que je vais écrire… Je peux même écrire des choses que je ne savais pas en commençant et du coup tout le texte en cours peut devenir illisible ou même contradictoire : je dois tout recommencer. Si d’aventure, je sais pour une fois où je veux en venir, tout coule un temps, puis se met soudain à s’envaser et je ne termine pas.

C’est un calvaire d’écrire comme ça quand on a tant à dire. Je suis obligé de travailler énormément mes textes, mais plus je les travaille, plus ils sont illisibles. En réalité c’est une écriture de poète ou de romancier, mais je suis totalement rétif à ces écritures. C’est peut-être en contradiction avec ce que je suis, je l’assume : seule la voie de la rationalité m’intéresse, plus précisément le franchissement vers elle.

Je n’écrirai donc jamais de livre, du moins pas tout seul. Par contre je suis en constante recherche d’ordre, mais attention, je cherche à découvrir l’ordre du monde, et pas un ordre que je pourrais imposer au monde. C’est un ordre que la nature aime à cacher, son dévoilement est progressif et il faut suivre la voie comme elle se présente, parfois en rebroussant chemin ou même d’autres fois en détruisant des socles perçus la veille encore comme inébranlables. Mais c’est comme se promener dans la nature, la beauté peut surgir au détour du chemin quand on s’y attend le moins. Je crois bien que je vis pour ces moments là.

Ce sera donc un blogue, mais pas sous la forme privilégiée du blogue qu’est le journal. Dans le journal, on publie des pensées du jour et on n’y revient jamais, c’est un flux. Cela ne convient pas à ce que je veux faire, qui est la construction pointilliste d’un schéma global et vaste. Un jour je mettrai ici une touche, un autre jour là. Le pire étant que je vais même parfois faire évoluer des articles après coup… C’est la ruine assurée pour un tel projet, j’en suis averti. Disons que j’ai pour habitude de chercher/trouver des solutions techniques à des problèmes de désordre. Regarder le désordre et lui trouver de l’harmonie, c’est mon truc, j’adore ça : je suis outilliste dans la vie, je crée des outils informatiques pour la gestion de toutes sortes d’entreprises.

Je vais tenter d’inscrire chaque nouveau billet dans un ensemble de catégories. C’est classique, c’est de la rigueur. Ce sera une espèce de plan imparfait et changeant. La façon de présenter ce plan évoluera de même. J’ai déjà quelques idées.