Cétose – 2

Pour notre civilisation, selon l’état lamentable de notre culture en nutrition, pour vous qui voulez penser à votre santé, la cétose ne doit surtout pas être considérée comme un régime alimentaire, mais comme un outil.

Il n’est pas question de revenir en arrière chaque année à l’état pré-néolithique et de subir pleinement l’hiver comme le faisaient nos dignes ancêtres. Il n’est pas question non plus de se transformer en « être cétonique » à l’année. Il est question de connaître la cétose et de se former à ce que cet état apporte de concret et au moyen d’y parvenir, il est question de savoir à quoi il sert et servira à tous et à quoi il nous servira à nous précisément.

Personnellement, la cétose est un mode de survie. C’est mon cas, ce n’est pas le vôtre. Je suis arrivé sur cette terre avec une excellente santé physiologique et un environnement psychologique désastreux. Le sucre a été ma première compensation psy, puis les excès de toute nature, nourriture et expédients. J’ai non seulement vécu ce que l’on peut appeler une vie de patachon, mais en sus j’ai été « guéri » de deux pathologies lourdes par de la chimiothérapie violente et indélébile. Je vis nutritionnellement au bord du gouffre et la cétose est une ancre profondément fichée dans le sol : si je lâche la chaîne, j’ai mal partout, je vieillis, j’enfle et je meurs.

Mon mode d’appropriation de la cétose n’est pas le vôtre, mais il éclairera votre choix. En fait, depuis plus de cinq années, je suis « toujours » en cétose. Toujours entre guillemets signifie que je tends par défaut à rester en cétose, mais dans les faits je ne cesse pas de passer d’un état à l’autre: chez moi les habitudes et les placards m’y ramènent systématiquement, mais si je suis avec des amis, je mange comme eux, cela va de l’apéro au plat de pâtes, du vin au dessert. Et je vais vous dire une chose : quand je sors de la cétose, je ne fais pas les choses à moitié, je m’éclate et partage le bonheur de vivre et d’aimer. D’autres fois, quand je me sens seul et en déprime je m’autorise la sortie de cétose : je me fais un petit déjeuner crapuleux, croissants, baguette croustillante et confiture, par exemple. Se nourrir, c’est tous les jours et l’on sait bien que les bonnes résolutions ne tiennent jamais.

De toute façons, vous le savez déjà, le régime forcé est la pire des choses : plus on s’interdit un plaisir, plus on y reviendra violemment ensuite. C’est pour cela qu’il faut revenir sans arrêt là dessus : la cétose comme je l’entend n’est pas un régime de privation que l’on doit suivre comme on suit un gourou, c’est un outil, certes basé sur la privation de certains délices de la vie, dont certains sont de pures drogues dures artificielles, mais dont on maîtrise les difficultés en totale conscience des avantages énormes qu’il procure.

Ma mère est morte à 82 ans du traitement contre le cancer au poumon qu’elle avait. Elle a vécu sa dernière année en état de cétose quasi-permanent. C’était un choix mesuré qu’elle a commencé après le premier jeûne de sa vie, 9 jours, qui l’avait ramenée à une perte des horribles symptômes qui la diminuaient. Avant la déclaration du cancer, elle était en pleine forme, marchant ses 20-25 kilomètres de randonnée dans le cagnard, grimpant ses escaliers sans y penser. Tout d’un coup est venue une toux horrible, rauque et prolongée, fréquente et douloureuse. En deux jours, le jeûne avait éteint cette toux et n’est pas revenue ensuite, sauf deux fois, quand elle a « craqué ». Un cher ami est venu, le repas était festif sans excès: un petit vin sucré, des pâtes en sauce, et puis un peu de drogue, un peu de glace Haagen Dasz au dessert. Le lendemain, la toux, la même. Le surlendemain stop au glucose, plus de toux. Une autre expérience de cet acabit à suffit à la convaincre que son choix était le bon. Lors de l’opération d’urgence (poumon/plèvre) qui a suivi sa chute, dons après son jeûne et en cétose, elle a surpris tout le monde par sa promptitude à s’en remettre, elle a même quitté l’hôpital plus tôt que prévu, pimpante et fraîche.

Elle a quand même suivi les conseils de médecin. On ne change pas les habitudes d’une vie, elle en est morte, c’est comme ça. Je dois vous dire une chose, un détail qui ne m’a pas étonné, mais qui m’a quand même émerveillé, cette année de cétose lui avait rendu le visage plus beau que jamais, cette pomme fripée était devenu plus lisse, à plus de 80 ans elle perdait des rides…

Si la cétose au sens rigoureusement scientifique du terme est connue depuis de nombreuses décennies, les études sérieuses n’ont commencé que depuis 10 ou 15 ans, de manière confidentielle, au états unis. De nombreux chercheurs accumulent encore et encore des publications scientifiques dans les journaux à comité de lecture. Pour vous en convaincre, lisez par exemple le compte rendu de recherche de deux biologistes et d’un médecin : «  » et allez regarder les notes de référence en fin d’ouvrage.

Si vous avez vingt ans et que vous pétez le feu sans souci du lendemain, et bien allez-y, vivez comme vous l’entendez. Rappelez vous simplement que si vous ne mourez pas de l’excès de vivre, l’âge vous rattrapera, votre poids partira en cacahuète, vous aurez mal à l’arthrose, vous aurez une maladie dégénérative ou une cardiaque, vos dents tomberont, etc., quelle que soit votre rencontre brutale avec le vieillissement. Mais simplement, alors, vous aurez, comme moi survivant, un outil.

Les scientifiques qui étudient la cétose depuis quelques années se sont autorisés une analogie. Il ne s’agit pas d’une phrase lancée en l’air par quelque individu en quête de suiveurs, il s’agit d’un résumé éloquent et assumé : « Les corps cétoniques se conduisent dans le sang comme un médicament ». Un médicament à très large bande. Quand vous êtes en cétose vous faites mal à votre cancer, même celui qui est encore trop petit pour être décelé. Vous débouchez les artères de son cholestérol, il se passe des choses que vous n’avez même pas besoin de savoir, car elles sont à votre service, c’est à dire à celui de votre santé, cette grande inconnue du corps médical.

Depuis cinq ans que je suis en cétose, j’ai une dent à vif, une molaire cassée en deux dont un pan d’un millimètre s’est détaché. A moins de prendre du sucre raffiné pendant deux jours, tout se passe à merveille : aucune nouvelle, aucune douleur. J’ai vécu pendant les vingt années de ma jeunesse avec une parodontite constante et mon dentiste m’avait prévenu il y a 15 ans que tout était déchaussé, que dans les trois ans au plus tard je n’aurait plus de dents à moi. J’ai beaucoup jeûné depuis et je gère le reste du temps avec la cétose : je n’ai rien perdu de plus et ce qui me permet de mâcher mes aliments est encore à moi.

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