Commençons

Dénoncer la folie de ce monde c’est déjà une première étape, au moins nous remarquons notre cage. Mais nous comprenons que ça ne suffit pas quand nous découvrons finalement la dimension des projets de nos maîtres invisibles. Nous n’avons rien de constructif à nous mettre sous la dent, nous tournons en rond dans la cage, en attendant l’heure de la bouffe et qu’on nous nettoie le cul avant la tombe. Comme le fait remarquer une amie dans une question « Il n’y a personne qui nous ouvre un horizon positif ? ».  Je cherche encore. Je ne vois encore et toujours que des gens qui parlent depuis leur « baraque à frite », leur petit commerce. Un désastre.

Les anciennes dictatures étaient faciles à comprendre : les peuples étaient contraints par la terreur et par la force. Notre époque a inventé d’autres façons extrêmement efficaces et discrètes pour contrôler le « Parc Humain », expression cynique, je vous l’accorde, mais néanmoins parfait emblème de notre condition. Donnons quelques autres expressions célèbres : « stratégie du choc », « fabrique du consentement », « gouvernance mondiale », etc. , car voyez-vous, il y a longtemps que les intellectuels dénoncent dans le vide.

Ce qui nous tient en laisse est en nous, moi le premier, c’est la peur, la peur de toutes ces fois où nous avons regardé ailleurs, la peur que ça nous arrive. Mais voilà que ça se rapproche dangereusement, et voilà que nous sommes aussi forts que des perdreaux de l’année devant des chasseurs redoutables et furtifs, rusé et armés à un point que nous ignorons totalement. Les combattants d’avant n’existent plus, les modèles d’antan sont déblayés, Hollywood les a remplacés dans l’imaginaire par de gentils héros virils qui gagnent toujours, assassinant allègrement des hordes de méchants sans existence (mais… en fait ce sont tous des gens, oui, avec des mamans, des amours, etc., c’est incroyable quand on y pense) parce qu’ils ont tué leur chien / leur femme / leur gamine ou tout autre impérative raison facile à comprendre qu’on vous explique d’ailleurs à longueur de temps, dans le JT.

Il y a un public nouveau, que la crise des Gilets Jaunes a révélé et que celle du confinement outrancier décuple et exacerbe : c’est magnifique. J’ai l’habitude de lectures plus complexes que ce que l’on rencontre sur Facebook, mais finalement pas plus élevées. J’ai aussi l’habitude d’écrire pour des intellos distingués qui ne me lisent jamais. Dans ce moment de changements historiques, j’ai des choses à dire. Ces boutiquiers, je les aime. Ils m’ont nourri. Seulement j’en suis au point où, devant la grande soif des nouveaux acteurs plus simples, je vois que les réinformateurs de tous poils ont des limites indépassables. Tout semble montrer une impasse dont je vois pourtant qu’elle présente des issues possibles.

J’ai l’habitude de parler dans le vide. Je suis jugé habituellement sur des critères qui ne me conviennent pas. Ici je veux exprimer non seulement ce que je vois, mais plus particulièrement les solutions que j’imagine, en essayant d’écrire clairement, à défaut de le faire simplement. Mes propositions sont habituellement inaudibles, et ma tendance me pousse à les taire, par usure ou par crainte de la moquerie. D’un autre point de vue, ces propositions, si elles devenaient voyantes, seraient parfois de nature à attirer l’attention de gens pas forcément corrects ou désireux que les choses changent, ce qui m’engage dans un combat et m’effraye. Je dois bien dire qu’une guerre est en cours et que ce n’est pas tous les jours qu’on s’y engage corps et âme.

A force de fréquenter la réinformation dans tous ses recoins j’ai l’impression de surplomber certains événements, dans une certaine mesure. Si j’ai une liberté de regard, c’est peut-être parce que je n’ai pas réussi jusqu’ici à fabriquer ma baraque à frite, ce qui m’aurait enfermé dans un discours et un besoin de paraître. J’ai l’impression que cette liberté de l’imaginaire est utile. Tout est dans cette utilité, ces choses en moi dépassent de beaucoup l’envie du succès. Je sais que commencer quelque chose comme je crois une fois de plus le faire ici, c’est se mettre en recherche d’approbation, c’est ouvrir mon petit commerce. Je l’ai essayé si souvent… Faudra faire avec, mais je voudrais préciser que je n’ai rien à vendre pour le moment, je préciserai ailleurs ce que je veux dire par là. Si l’on veut changer vraiment quelque chose, ce sera de façon populaire et pas en suivant un personnage charismatique quelconque. Mon pet m’appartient-il ? Si je m’amuse d’une telle évocation nauséabonde, c’est pour dire que, comme je pense le mieux en parlant à des gens devant moi, écrire est pour moi une façon pauvre et imparfaite de penser. Je vais donc écrire des tas de choses dont une partie sera stupide ou fausse ou incompréhensible, etc. Nous avons besoin de gens qui pensent par eux même, c’est exactement ce que la gouvernance mondiale veut empêcher, c’est exactement ce que je veux rencontrer : des gens qui réfléchissent et qui sont autant capables de me répondre entre « tu déconnes » et « je suis d’accord ». Si je peux lancer des idées, tant mieux, mais ce n’est pas pour qu’elles soient copiées, c’est pour qu’elles soient réappropriées par des gens intelligents et droits. Et si elles sont bonnes, alors elle navigueront d’elles-mêmes.

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