Cétose – 1

C’est pour moi un trouble constant que ce mot soit si peu compris. Les scientifiques l’ignorent, sans doute parce que personne de la clientèle médicale n’est jamais « naturellement » en cétose de nos jours et les autres, ceux qui cherchent malgré la science, parce que c’est de la science. Je ne vois pas vraiment d’autre explication à une telle désaffection massive d’un concept aussi vital.

Pourtant, il s’agit d’un terme aux racines scientifiques indiscutables. On sait que le nourrisson est en cétose tant qu’il tête le sein maternel, on sait que le jeûneur est en cétose en quelques jours, on sait qu’on ne meurt pas de se priver de glucides, on sait que le cerveau et d’autres organes du cœur s’accommodent fort bien de cette « carburation » alternative au glucose dans le sang. On sait même depuis longtemps que les épileptiques se satisfont plutôt bien de ce mode de fonctionnement et parfois même guérissent de leur maladie.

Le métabolisme humain est parfaitement bicarburation. Quand les livres de diététique affirment que le cerveau ne peut pas se nourrit d’autre chose que de glucose, il s’agit d’autre chose que d’une erreur. C’est un mensonge.

Quand la nutrition n’apporte plus son torrent de glucose sous la forme de fruits, de sucres raffinés et de céréales, le foie s’organise autrement: au bout de quelques jours, il se met à casser les molécules de gras, pour les transformer en ce que l’on nomme les corps cétoniques, selon la même racine que l’acétone. Ces corps cétoniques sont charriés dans le sang jusqu’aux organes, exactement comme le glucose. Ils ne sont pas des sucres, et si vous entendez parler de sucres cétoniques, c’est que vous êtes devant une aberration.

Le taux de glucose est constant dans le sang, même lorsque la nutrition n’en apporte plus du tout. Certains organes du corps ne peuvent pas s’en passer. Le foie est même capable d’en produire en petites quantités à partir des réserves lipidiques, c’est la néoglucogenèse.

La transformation du carburant en énergie par le corps est plus ou moins efficace en fonction de son type. Celle du glucose est relativement peu efficace en ce qu’elle consomme elle-même beaucoup d’énergie pour en produire et qu’elle génère des déchets qui doivent être évacués. Par comparaison, la transformation des corps cétoniques en énergie est plus efficace et produit moins de déchets. Fait extrêmement intéressant, que très peu de jeûneurs, même parmi les plus expérimentés, savent, c’est qu’un des produits secondaires de cette transformation est l’eau. Oui, être en cétose hydrate le corps. La question du jeûne sec, lors duquel certains continuent même à uriner, s’éclaire d’un autre jour. Le jeûne sec peut sembler dès lors moins aberrant, à la condition sans doute que l’on ne commence pas directement à jeûner par une phase sans eau.

Les moines du moyen-âge jeûnaient pour avoir une meilleure vision de Dieu. La différence entre la décomposition des corps cétoniques en énergie par le cerveau et celle des glucides est légèrement différente, elle est perceptible, même si elle est subtile. On a l’esprit « plus clair », les idées « viennent mieux ». Sans doute les étudiants à la veuille d’un examen y recourraient-ils à leur bénéfice.

La grande erreur médicale en ce qui concerne la nutrition, consiste à penser que l’état naturel de l’homme est celui dans lequel on le trouve aujourd’hui, à l’époque des transports internationaux et des réfrigérateurs. Quand, avant le néolithique, notre ancêtre voulait se nourrir, il recourait à sa culture de la nature environnante et pas à sa technologie. En été et en automne, les arbres et autres plantes produisant du sucre à foison étaient répertoriés et leurs positionnement était l’objet de la transmission culturelle. On allait se gaver des ce que l’on nomme aujourd’hui « cerises », « pommes », « melons », etc. On engraissait littéralement à l’ombre de ces amis du paradis, levant la main de temps à autre pour porter à la bouche ces délices sucrés. L’hiver venu, plus de sucre, mais, chaque année portait sa marque, un gras auto porté plus ou moins étoffé. La culture encore, déjà, était synonyme de survie. Vous voyez ces ombelles en été, couvrant une pâture infinie? Là, sous la neige, bien conservées, des carottes, des racines peut-être pas aussi merveilleuses que les fruits, mais qui remplissent l’estomac. Ici où là des charognes, de petits ou gros animaux que l’on piège, des baies étiques, mais encore pleines de jus vivant, que l’on va disputer à leurs épines. Et s’il n’y a rien? S’il n’y a rien, on se terre, on se resserre les uns contre les autres et, dans une souffrance partagée, on tremble, on attend, on ne va pas mourir, pas encore cette fois là, de ne pas manger.

La nutrition cétonique est la nutrition logique et incontournable de l’hiver pour l’homme depuis les dizaines de millénaires de sa constitution et celle plus ancienne encore de ses ancêtres, voire de tous les mammifères. Même l’homme de l’équateur sans saisons à rencontré la disette et a survécu, même l’africain recherche le gras qui conserve. En notre époque, l’été est permanent, il est carrément la norme scientifique et non scientifique pour la santé de tous. La pyramide « universelle » de la nutrition ignore totalement toute alternance de régime alimentaire pour l’humain et conseille unilatéralement le glucose. Toute cyclicité nutritionnelle est bannie de la recherche, on cherche LE régime alimentaire valable tout le temps et pas LES régimes alimentaires alternés. Même ceux qui veulent repenser le rapport à la nutrition sur des bases plus saines retombent dans le même chausse trappe et mangent à l’année des fruits, suppléant à leur manque en hiver par des produits qui viennent de l’autre bout du monde. Ce sont ceux là qui refusent d’entendre le mot cétose parce qu’il y a la condition « pas de fruits pour entrer en cétose ».

La cétose n’est pas une alternative à la glucose, c’est le contraire. L’état de cétose est premier, fondamental. L’état de glucose est celui qui permet de faire des réserves, de faire du gras ; le yo-yo est à la base du vécu nutritif de l’homme, son emploi discréditant est la preuve de l’inconsistance de toute science nutritionnelle contemporaine, qu’elle soit ou non reconnue rationnellement : on sait vaguement comment le corps fait du gras, mais on ne sait pas comment on le consomme puisqu’il n’y a pas de moment dédié à cela dans nos vies. La diététique à déclaré qu’il ne fallait pas avoir de gras, et que c’est facile, il suffit de ne pas en manger. Il n’y a pas de gras dans le soda et les bonbons, dans le pain, etc., donc c’est tout bon, mais surtout, mangez allégé. Mais c’est le contraire qui se passe, quand le taux de sucre dans le sang dépasse le taux stable, aussitôt le corps le transforme en lipides et le stocke là où il faut. C’est d’abord le sucre qui produit le gras. Rappelez vous ces jours heureux de l’été, simulés si violemment par un « simple » carré de sucre, ce succédané de nourriture sans aucune valeur apportée, 100% glucide.

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